MaTélé revoit sa copie. (Merci Nicolas Lembrée)

Nos villages: les anciens de Bagimont

Publié le 09/07/2015 (Corrigé fin juillet 2015)



Récit de glorieuses anecdotes du passé en compagnie de deux anciens qui parlent, non pas le wallon, mais le dialecte champenois.

Une petite place, une église assez récente, de belles maisons ardennaises. Le décor est magnifique à Bagimont. Tout est calme, dans ce petit bout du monde, situé entre l'effervescence touristique de Bohan, plus bas sur la Semois, et la frontière française, à 500m de l'autre côté. André se souvient.

"Dans le temps, il y avait beaucoup d'enfants. Mon père tenait un commerce alimentaire. Il y avait un café, une école."

André est un des 4 ou 5 bagimontois d'origine qui vivent au village. Il a longtemps vécu au nord du pays, mais il est né ici, et y est revenu à sa pension. A côté de chez lui, la maison d'Eliane. Elle revient du cimetière, où elle a nettoyé les tombes, pour la fête du village.

"Dans le temps, la fête durait quatre jours. Il y avait des carrousels, on dansait. Les hommes allait au café. Il y avait beaucoup de monde, on en parlait beaucoup. De nombreux Français venaient également."

Voilà pour les souvenirs du passé. Mais le présent?

"On ne passe pas à Bagimont, on va à Bagimont"

 Une phrase que les habitants connaissent bien. Car la quiétude et l'architecture participent à l'attrait du village. Un comité s'est créé ici, les "Badjimounès", pour donner un coup de neuf aux lieux de détente, comme les jeux extérieurs. Calme, oui, c'est important, mais ça ne veut certainement pas dire mort. C'est le message que nous font passer les membres de ce comité, exemples à la clef: la fête du village et autres réjouissances entre voisins . Certes, des résidences secondaires sont implantées, mais il n'y pas que ça. "Il y a un véritable esprit chez les membres du comité. L'objectif est de bien vivre à Bagimont, sans volonté d'exclure les résidents secondaires, nous explique l'un deux."

Le dialecte champenois

A Bagimont, on ne parle pas Wallon mais Champenois. Un dialecte français (de Champagne, donc) parlé aussi à Sugny, et dans quelques autres villages du coin. Mais chaque village a ses variantes. En fait, c'est même encore plus subtile que cela.

"Les linguistes ont déterminé que 5 villages parlaient le Champenois, nous explique Roger Nicolas, un passionné d'histoire locale, auteur d'un recueil du parlé champenois.Mais il n'existe pas de frontière distincte entre le Wallon et le Champenois. Plus vous allez vers la France, et plus il y aura du Champenois, et plus vous allez vers le nord et plus il y aura du Wallon."

A l'oreille, d'ailleurs, nous reconnaissons beaucoup de wallon lorsqu'André et Eliane nous parlent. La distinction théorique effectuée par les linguistes s'est effectuée lorsque Roger et d'autres passionnés ont décidé de recueillir et recenser des mots auprès, justement, des anciens de la région. 

"D'ailleurs, si vous demandez à un habitant de Bagimont s'il parle Champenois, il vous répondra que non. Pour lui, il parle le patois."

 

Nicolas Lembrée, Journaliste