Droit de réponse au reportage de "MaTélé" publié le 09/07/2015

Bagimont: droit de réponse.
Bagimont: droit de réponse.

J.-D. Urbain, « Le résident secondaire, un touriste à part ? », Ethnologie française , tome XXXII

Ni indigène, ni étranger. Ni inclus, ni exclu. Le résident secondaire n'est pas un touriste mais un résident au statut incertain : selon l'anthropologue Jean-Didier Urbain, il s'agit d'un nomade polysédentaire, d'un « visiteur » périodique ou encore d'un « habitant de l'intervalle », entre ville et campagne.

Afin de rendre raison d'un tel choix de résidence et d'évaluer ses impacts sur la société locale, cet anthropologue adopte le point de vue du résident secondaire, dont il cherche à saisir la psychologie et le vécu.

Par quoi, alors, le citadin est-il séduit ? Par le goût de la tradition ou celui du terroir, par le retour aux racines ou la convivialité villageoise retrouvée, par la vie au contact de la nature ?

J.-D. Urbain s'attache, en réalité, à dépasser les explications traditionnellement avancées pour rendre compte de cette pratique. Il avance une thèse qu'il qualifie lui-même d'iconoclaste : ce serait l'attrait pour une vie caractérisée par l'irresponsabilité civile et politique qui expliquerait un tel choix résidentiel. Le résident secondaire serait ainsi séduit par un « mode de vie soustrait à la gravité sociale et à ses règles communes ».

Nombre de résidents secondaires auraient alors tendance à se déresponsabiliser en matière de préoccupations collectives. Dans divers témoignages, les résidents secondaires insistent de fait sur leur désir d'isolement, qui se concrétise par la volonté de dissimuler sa résidence et d'en faire un véritable « jardin secret ». Il apparaît ainsi que l'attrait du résident secondaire pour la campagne répond davantage à un désir d'« abstraction sociale » que de retour aux traditions ou de découverte touristique.